G.Méliès

LA SCIENCE FICTION
et LE FANTASTIQUE

Sans nous, qui protégerait la Terre des menaces extraterrestres telles que les comètes et les astéroïdes?

La cartographie des trajectoires des astéroïdes connus est en cours; on pense arriver bientôt à un niveau de 15% de connaissance des comètes qui pourraient croiser la Terre . Étant donné qu'en terme de pouvoir d'un groupe d'humains sur un autre, l'enjeu est nul, on peut supposer que l'on n'en bénéficiera pas avant un bon bout de temps (et peut-être même jamais).

Entre temps et en dépit de tous les traités, la militarisation de l'Espace continue: le gouvernement américain va encore y investir 60 milliards de dollars. Le but de ce projet de nouvelle "Guerre des Étoiles" n'est pas de protéger la Terre contre des menaces extraterrestres, mais bien de dominer le Monde.

Encore une fois, au lieu d'être le meilleur espoir pour les problèmes mondiaux, les Humains sont la plus grande de ces menaces. Et nous sommes vraiment une menace.

De manière plus variée que les astéroïdes non catalogués qui voyagent quelque part là-bas au loin, nous provoquons délibérément de profonds impacts ("Deep Impact" en anglais) sur la planète Terre.

Les comètes pourraient représenter un défi encore plus grand que les astéroïdes: les nouvelles comètes ne sont connues que lorsqu'il est trop tard pour réagir et ce, malgré toute notre technologie. Pour développer des instruments qui seraient en mesure de nous protéger de ces menaces, il faudrait changer de priorités. Cela se ferait plus facilement si on était moins nombreux. Ce qu'on ne peut pas faire avec six milliards d'Humains, on ne le fera certainement pas avec neuf milliards.

Nos demandes incessantes et croissantes de ressources nous éloignent des vrais progrès qu'il reste à accomplir. De nombreux dangers nous menacent sans que nous soyons en mesure de les contrer.

En l'an 535 de notre ère, près de l'île de Java, l'éruption d'un grand volcan a obscurci le soleil pendant près d'un an. Les effets furent mondiaux et durables, aussi bien sur l'Homme que sur la Nature. Il existe d'autres volcans similaires aux quatre coins de la planète, y compris à Yellowstone (USA), qui pourraient se comporter de la même façon. Et il n'y a rien à faire contre de telles forces.

Nous avons le pouvoir d'éliminer une de ces menaces manifestes et réelles pour la Biosphère : notre présence excessive. Si nous agissons suffisamment vite, notre extinction volontaire pourrait éviter une énorme crise écologique.

Pourquoi ne pas cloner les espèces éteintes en utilisant leur ADN?

Eh, Jurassic Park c'est qu'un film ! Dans le Monde réel, ce n'est pas possible ...

Loup de Tasmanie ou Thylacine

Mais supposons quand même qu'on puisse ramener à la vie un Tigre de Tasmanie (ou Loup de Tasmanie si vous préférez) dont le vrai nom savant est le Thylacine. Le dernier survivant connu est mort en 1936 au zoo de Hobart (Tasmanie). Un exemplaire de louveteau fut gardé dans l'alcool en 1866, l'alcool, à l'inverse du formol, ne détruit pas l'ADN et les restes sont actuellement entreposés à l'Australian Museum. Mike Archer, directeur, soutient que si on faisait les recherches adéquates, ce marsupial, le Thylacine, pourrait devenir un animal de compagnie d'ici 50 ans.

Avant tout, il faudrait décoder le code génétique. C'est tout juste dans nos possibilités actuelles, mais ce ne serait pas un problème pour qui dispose de fonds suffisamment importants.

Il faudrait ensuite régénérer également un nombre assez important d'espèces qui vivaient "dans" et "sur" lui. Le fait d'être microscopique et d'appartenir à une espèce éteinte est la meilleure manière d'éviter d'être découvert et décodé. Il existe cependant actuellement quelques bactéries assez similaires à celles d'origine et qui permettraient au Thylacine de digérer sa propre nourriture. Elles sont peut-être encore présentes dans d'autres marsupiaux carnivores: la question est de savoir dans lesquels?

De plus nous sommes face à un autre obstacle: qui fera la maman? Quand papa Frankenstein insufflera la vie dans ce mélange d'ingrédients inertes issus d'ADN codifié avec précision, il faudra le faire pousser dans un adulte. Dans ce cas, il serait préférable de lui fournir une mère dotée d'une belle poche marsupiale bien chaude. Si notre louveteau ne mord pas trop, ça pourrait peut-être bien marcher avec un Kangourou.

Bien, supposons que l'on ait surmonté ces petits détails: nous avons recréé 10 à 20 micro-organismes, trouvé une manière de créer la vie avec de la matière inerte et trouvé une mère porteuse. Où va-t-il habiter? La majeure partie des extinctions actuelles est causée par la destruction de l'habitat. Les éleveurs ont transformé l'habitat originel du Thylacine en prairies pour animaux de boucherie.

Quand les Loups de Tasmanie avaient la possibilité de manger de ces bons agneaux exotiques fraîchement arrivés chez eux, ils étaient considérés comme parasites et leur extermination était même encouragée.

Tant qu'on ne transformera pas en habitat naturel quelques unes de ces immenses étendues aujourd'hui destinées au pâturage (autre défi scientifique et politique monumental) ils seront encore et toujours considérés comme nocifs (voir les Loups et les Lynx en France - n.d.t.).

Dans l'ouest de l'Amérique du Nord, les intérêts économiques de l'industrie de la viande font toujours obstacle aux efforts de réintroduction des Loups, des Grizzlis et des Bisons.

En utilisant les fonds publics actuellement destinés aux élevages et en cessant d'acheter leur viande et autres produits dérivés, on pourrait récupérer d'énormes surfaces sauvages. Mais tant qu'on ne reconstituera pas à large échelle un véritable habitat naturel, il n'y aura pas de place pour la faune, même pour celle qui n'a pas encore besoin d'être ramenée à la vie.

Pourquoi ne pas déménager sur des colonies d'autres planètes la population humaine qui est en trop?

C'est typiquement humain de tourner les yeux vers les étoiles alors que nous nous enlisons dans une décharge toxique.

Si nous voulions contenir de façon constante notre population en recourant à une migration spatiale, il faudrait que 100 vaisseaux spatiaux contenant chacun 2100 humains décollent chaque jour : un toutes les 15 minutes. La contraception, ça revient moins cher.

La colonisation du Nouveau Monde par les Européens n'a aucunement réduit la pression démographique en Europe : elle l'a simplement déplacée.

Pour des primates comme nous, à peine sortis de la jungle, quel genre d'existence serait celle de vivre dans une station spatiale? Nous ne sommes même pas encore assez habitués à la domestication pour pouvoir vivre longtemps dans des avant-postes éloignés et désolés tels que ceux qui se trouvent en Antarctique. De toutes façons, qui voudrait vivre enfermé dans une boîte de conserve pendant 10 à 20 ans?

Le fait d'imaginer sérieusement de vivre ainsi révèle bien à quel point nous sommes totalement déconnectés de la Nature. Nous réussissons à peine à vivre nos vies de façon saine dans les environnements artificiels que nous avons construits sur Terre.

En moyenne, l'air que nous respirons à l'intérieur de nos constructions est bien plus nocif que celui que l'on respire à l'extérieur.

Notre stress émotif ressemble - on comprend pourquoi - à celui des animaux enfermés dans les zoos. même si les barreaux de nos cages ne sont que virtuels, comme les barres qui traversent les S, les L et les Y (et maintenant les E) de certaines monnaies, leur ombre fait barrage à notre chemin vers la liberté. Rêver de pouvoir envoyer ainsi dans l'Espace nos "aspirations" pourrait réduire tout sens de la responsabilité que nous devrions avoir ici-bas sur Terre.

Nous avons déjà cette mauvaise habitude de salir nos nids puis de les abandonner. L'Espace entourant la Terre est déjà chargé de dépôts électroniques obsolètes et de tout ce que rejettent les spationautes. Nous avons même placé nos icônes culturelles sur la Lune : un drapeau, une balle de golf et un véhicule abandonné.

Avant de chercher encore de nouveaux mondes et de s'installer de façon arrogante là-haut, là où aucun humain n'est encore jamais allé auparavant, il faudrait peut-être bien d'abord nettoyer la planète qui nous accueille et la débarrasser des déchets que nous avons produits.

Nous devrions déjà être reconnaissants de ne pas vivre sur la Lune ou dans l'Espace. C'est peut-être pas grand chose ce qu'on a sur Terre mais si on faisait des efforts, on aurait vraiment et de toutes façons quelque chose de mille fois plus agréable que des quartiers, seraient-ils de luxe, dans une gigantesque boîte de conserve spatiale.

Les formes de vie introduites sur d'autres planètes auraient-elles plus de chance de survie?

A première vue, répandre la vie semble être une noble idée. Quand le Capitaine Cook voulut donner aux chefs des îles du Pacifique un couple de cochons reproducteurs, il fut dégoûté par la "bêtise" de ces "primitifs" qui abattirent ces cadeaux pour un "luau". Les cochons sauvages ont encore aujourd'hui un impact négatif sur les écosystèmes des îles Hawaï et des autres îles où ils furent introduits.

Notre expérience d'introduction d'espèces exotiques dévastatrices devrait nous mettre en garde sur la folie qui consisterait à introduire des espèces étrangères sur des planètes qui seraient à première vue inhabitées.

Ceux qui apportèrent le "bonheur" à l'Amérique du Nord avec tous les oiseaux cités dans les oeuvres de Shakespeare, considéraient cette activité comme une mission honorable : ça rappelle bien le fantasme de répandre la vie de la Terre partout dans l'Univers.

Peut-être qu'un jour nous serons en mesure de créer sur quelque caillou sans vie flottant dans l'espace les conditions nécessaires pour créer la vie, mais nous avons aussi des lieux sans vie ici même sur Terre qu'il nous faudrait ramener à l'intégrité écologique. Tchernobyl, Hanford et d'autres "dead zones", ça serait un bon début.

Peut-être qu'avant de penser à faire de la terraformation sur d'autres planètes, on devrait arrêter la terradestruction du Monde dans lequel nous vivons.

Les solutions plus terre-à-terre existent déjà : il nous faut simplement les appliquer, mais aussi ne pas oublier de réduire les naissances à l'échelle mondiale.

Une réorientation de nos priorités pourrait faire de ce Monde un endroit merveilleux pour toutes les formes de vie.

Ce sera possible une fois que chacun d'entre nous aura fait des choix prouvant notre responsabilité.

 

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